L’une des plus importantes études en son genre fait la lumière sur des difficultés répandues chez les adolescents

La Dre Patricia Conrod formant des professionnels à ses méthodes.

Une vaste étude portant sur près de 4 000 adolescents montréalais jette les bases de nouveaux programmes, plateformes de formation et politiques gouvernementales en faisant la lumière sur les effets de l’abus de substances psychoactives, des troubles mentaux, des médias sociaux, du temps d’écran et d’autres facteurs.

La Dre Patricia Conrod, psychologue et professeure en psychiatrie et en addictologie de Montréal, a lancé l’ambitieuse étude CoVenture en 2011. À partir de l’âge de 12 ans, plus de 3 800 élèves ont été évalués chaque année scolaire au moyen de questionnaires portant sur la consommation de substances psychoactives, ainsi que sur le temps d’écran et l’utilisation des médias sociaux, l’intimidation et le bien-être mental.

« L’essai CoVenture a été principalement conçu pour tester les issues de la consommation de substances, mais également pour observer le début des habitudes de consommation, l’apparition des problèmes de santé mentale et leurs effets sur le développement des fonctions cognitives clés au cours de l’adolescence », explique la Dre Conrod.

Certaines découvertes ont retenu l’attention du public. « Nous avons mené l’une des premières grandes études soulignant l’incidence des médias sociaux sur la santé mentale des adolescents, notamment l’augmentation des cas d’anxiété et de dépression, déclare la Dre Conrod. Il s’agit maintenant de l’un des projets de recherche en santé les plus médiatisés de la dernière décennie. »

Les résultats des travaux de la Dre Conrod ont été discutés au Parlement du Canada, à l’Assemblée nationale du Québec, au Congrès des États-Unis et au Parlement du Royaume-Uni, ainsi que dans la plupart des grands médias.

L’étude comprend une enquête sur les comportements en matière de santé et un essai clinique. En plus de mettre en lumière les relations entre le temps d’écran, la victimisation par les pairs et la consommation de cannabis ainsi que leurs effets sur la santé mentale et le développement cognitif des jeunes, l’étude a pu démontrer que les interventions précoces fondées sur la thérapie cognitivo-comportementale sont efficaces pour prévenir les troubles à long terme liés à la consommation d’une substance psychoactive.

L’étude CoVenture comporte maintenant de nombreuses ramifications : le programme PreVenture propose des interventions préventives aux adolescents présentant un risque de maladie mentale et d’abus de substances psychoactives; le projet ProVenture cible les jeunes présentant des symptômes psychotiques émergents; l’étude Well-Venture est conçue pour les enfants placés en famille d’accueil; CoVenture 10 est un suivi de dix ans du programme CoVenture original; la plateforme de l’essai canadien de prévention de la consommation de substances psychoactives chez les mineurs (CUSP) « forme les formateurs » afin de mieux comprendre comment mettre à l’échelle la prévention fondée sur des données probantes au Canada.

La prévention de l’abus de substances psychoactives est au cœur de tous les programmes Venture. Ceux-ci proposent des interventions pour les jeunes présentant quatre traits de personnalité et styles de réflexion : l’impulsivité, la recherche de sensations, le désespoir et l’anxiété. « En aidant les jeunes à gérer ces quatre éléments, nous pouvons prévenir d’importants problèmes de santé mentale et d’abus de substances psychoactives », affirme la Dre Conrod.

Or, de nombreux jeunes consomment de l’alcool et du cannabis avant l’âge légal, ce qui nuit à leur santé mentale et cognitive. « Est-ce que certaines personnes peuvent commencer à boire à un âge précoce sans que cela pose problème? Je dirais que l’on peut observer, à l’échelle de la population, que des problèmes détectables sont associés à la consommation d’alcool et de drogues avant l’âge légal. » La bonne nouvelle? Les adolescents veulent grandir en bonne santé et investir dans leur avenir.

« La chose la plus importante que j’ai apprise en travaillant avec les jeunes, c’est à quel point ils aiment les histoires de changement, déclare la Dre Conrod. La meilleure façon de les mobiliser est de leur raconter des histoires de changement, de croissance et d’amélioration. Il ne s’agit pas seulement de prévenir des problèmes; il faut surtout acquérir des compétences et fixer des objectifs. » Cette façon de formuler les messages de prévention motive les jeunes à participer au programme et a très bien été accueillie par les élèves.

En bref

L’enjeu

L’abus de substances psychoactives, notamment l’alcool et le cannabis, est courant chez les adolescents et nuit à leur développement cognitif, en plus d’augmenter leur risque de maladie mentale. En l’absence de traitement, les jeunes conservent souvent ces dépendances à l’âge adulte.

La recherche

Une vaste étude portant sur près de 4 000 élèves a cerné des interventions préventives pour les jeunes présentant un risque de maladie mentale et d’abus de substances psychoactives. L’étude initiale s’est depuis élargie, produisant des données importantes sur les facteurs nuisant à la santé cérébrale des adolescents.

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